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2021/01/29

Sur le marché de l'outsourcing, Emmanuel Bekaert s'est rendu presque indispensable en une demi-décennie. Avec ses bras droits Sophie Vangheluwe (COO) et Trui Goderis (directeur commercial), il aide les entreprises dans leur recherche de profils techniques. Il le fait via les sociétés Maxicon et Absolute Jobs, qui font partie du holding familial AM Group. En cinq ans, Bekaert a fait passer le nombre de ses collaborateurs de 1 à 175 et a récemment inauguré, le long du ring de Roulers, un siège social ultramoderne, représentant un investissement de 4,5 millions d'euros.

Allons droit au but : tout le monde se plaint que la recherche de profils techniques est une corvée, parfois même mission impossible. Mais pas pour vous, si l'on en croit les chiffres ?

Emmanuel Bekaert : "C'est notre cœur de métier, bien sûr, mais je pense qu'un certain nombre d'éléments jouent un rôle décisif. Le plus important : en tant qu'entreprise et employeur, nous voulons être attractifs, sexy pour ainsi dire" Sophie Vangheluwe : "Concrètement, cela se traduit par une atmosphère et une vision. Lorsque nous confions des employés à des entreprises, nous assumons une fonction de transition. Il est essentiel de pouvoir tenir les promesses faites aux deux parties. Emmanuel Bekaert : "N'oubliez pas que les personnes restent sur notre liste de paie. Nous sommes à l'écoute de nos employés. Nous nous distinguons par la valeur de nos collaborateurs, et non par le prix de nos services."

 

De nos jours, il est presque normal de changer d'emploi. Les personnes que vous placez sont-elles fixes ? Ou veulent-elles aussi être libres de choisir une autre entreprise au bout d'un certain temps ?

Emmanuel Bekaert : "Disons qu'il y a d'un côté les cocooners et de l'autre les papillons. Notre expérience montre en tout cas que les cocooners sont majoritaires" Sophie Vangheluwe : "Là encore, il s'agit toujours d'écouter attentivement ce que veulent les deux parties. Nous ne sommes pas un recruteur qui place les gens au hasard et à l'aveuglette. Si quelqu'un veut aller dans le secteur des légumes, nous cherchons aussi un emploi dans le secteur des légumes. Emmanuel Bekaert : "Nous remercions également pour le volume, le volume, le volume. Je suis fier de le dire, mais je ne suis entouré ici que de personnes qui connaissent le secteur RH par expérience. Trui, par exemple, a travaillé pendant de nombreuses années chez Accent et Actief Interim et connaît le secteur comme personne. Il faut être capable de comprendre le monde des autres, il faut avoir de l'empathie. Il n'est pas facile de trouver le bon couvercle sur la bonne marmite. Aujourd'hui, les gens veulent se sentir bien dans leur travail et prendre en compte l'équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée.

 

Vous avez maintenant quatre fers au feu : Spanorama (plafonds tendus et murs d'impression), Certipower (infrastructure de recharge pour véhicules électriques), Maxicon et Absolute Jobs (pour l'industrie). Pourquoi vous êtes-vous mis à votre compte ?

Emanuel Bekaert : "Depuis mon enfance, j'ai un penchant pour la technologie. Opter pour une formation en électromécanique au VTI à Roulers était le choix le plus logique dans mon cas. L'intérêt pour les RH n'est venu que plus tard. Pour mon premier emploi, j'ai rejoint Westvlees en tant que technicien. Cette activité s'est développée de plus en plus et a abouti à la création de ma propre entreprise en 2008 : Bekaert Technics, basée à Roulers. Quelle que soit la mission qui m'était confiée, j'étais toujours sur place pour la suivre moi-même. À cette époque, j'ai appris à connaître de l'intérieur un grand nombre d'entreprises de Flandre occidentale. Un beau jour, j'ai vendu Bekaert Technics à House of HR, le holding qui chapeaute Accent Interim, avec bien sûr une clause de non-concurrence. Ensuite, en août 2017, j'ai racheté 100 % de Maxicon, l'entreprise existante de Sophie Vangheluwe. Elle en est aujourd'hui la COO, et ni elle ni moi ne l'avons regretté une seconde."

 

Cuisiner coûte de l'argent. Où avez-vous trouvé le capital nécessaire ?

Emmanuel Bekaert : "J'avais déjà vendu mon entreprise. J'ai donc demandé l'aide d'amis entrepreneurs, deux personnes séduisantes qui ont également une grande expérience de l'entrepreneuriat : Pieter Depoortere (Groep Monument, Ingelmunster) et Johan Verhelst (bouwgroep Verhelst, Ostende). Ils ont financé et pris une participation minoritaire dans le holding AM Group, qui regroupe les sociétés Absolute Jobs, Absolute you, Maxicon Retail et Maxicon.

 

Souhaitez-vous continuer avec les quatre entreprises seules ? Par les temps qui courent, il y a peut-être des affaires à faire et des ventes à réaliser ?

Emmanuel Bekaert : "Je ne vous cacherai rien. De nombreux acteurs du private equity se sont manifestés ces derniers temps. Et de nombreuses lettres officielles avec des prix ont également atterri sur mon bureau. Mais je n'y pense pas. Je vois encore beaucoup d'opportunités sur le marché. Un exemple : parmi les professions techniques, nous pourrions également créer une entreprise distincte pour l'IdO (Internet des objets), l'IA (intelligence artificielle), le secteur des soins de santé,... Il y a bien sûr deux façons de le faire : soit par une acquisition, soit par une initiative propre. C'est cette dernière solution qui a ma préférence."

 

Corona oblige les entreprises à réfléchir à leur modèle d'entreprise. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?

Trui Goderis : "Et si nous avons réfléchi à ce qu'il fallait faire. Il y a un an, personne ne savait ce qui nous attendait, n'est-ce pas ? Le premier blocage a été un choc. Et oui, nous avons ajusté notre modèle. L'ajustement le plus important s'est produit en termes de communication. Nous avons intensifié les canaux de communication avec les entreprises et le personnel déployé. Nous avons communiqué de manière ouverte et directe, et en ligne via Zoom lorsque c'était nécessaire et lorsque nous le pouvions. Deux choses devaient être très claires. D'une part, nous voulions sortir plus forts de la crise avec un message positif. D'autre part, nous avons accordé plus d'attention que jamais à l'ensemble de notre équipe" Emmanuel Bekaert : "Au début de l'année, toute l'équipe de service, moi y compris, a apporté des cadeaux aux 170 employés. En porte-à-porte, personnellement. Sur la base de l'idée : "Thanks, we care".

 

Vous venez d'investir 4,5 millions d'euros dans un nouveau siège. Au-delà de la carte de visite, pouvez-vous chiffrer le retour sur investissement d'un tel investissement ?

Emmanuel Bekaert : "Il était important que toutes les entreprises soient réunies sous un même toit. Sophie Vangheluwe : "C'est aussi un outil de marketing, nous le sentons déjà. Nous recevons nettement plus de demandes de la part des entreprises et le nombre de candidatures spontanées augmente également. Un espace a été prévu pour un baby-foot, un billard et une belle aire de pique-nique à l'extérieur. Avant la construction, nous avons demandé aux employés ce qu'ils souhaitaient vraiment, et c'est ainsi que nous avons eu l'idée d'un service de repassage, que nous avons maintenant ici. Les employés sont ravis car cela leur permet d'avoir plus de temps libre et de passer du temps de qualité avec leur famille.

 

Maxicon possède également une succursale à Drongen, en Flandre orientale, qui emploie une cinquantaine de personnes. Constatez-vous une différence avec la Flandre occidentale et jusqu'où va l'ambition ?

Trui Goderis : "Il y a certainement une différence. En Flandre orientale (mais nous travaillons aussi à partir de là vers la région d'Anvers), nous constatons que davantage de personnes sont à la recherche d'un emploi, de sorte que la pénurie de main-d'œuvre telle que nous la connaissons en Flandre occidentale y est beaucoup moins importante. En principe, on pourrait donc penser qu'il est facile de trouver du personnel en Flandre orientale, mais ce n'est pas tout à fait vrai, car les demandeurs d'emploi peuvent y choisir parmi un très large éventail d'emplois.

 

Les professions techniques, autrefois considérées comme inférieures, sont aujourd'hui indispensables. Les perceptions sociales ont-elles également changé, selon vous ?

Sophie Vangheluwe : "Oui, et des initiatives telles que l'accent mis sur les formations STEM y ont certainement contribué. Emmanuel Bekaert : "Lorsque j'établis les revendications salariales des jeunes diplômés, je pense que la réponse à votre question ne peut être qu'affirmative."

 

Comment décririez-vous votre propre style de management ? Quels sont vos credos?

Emmanuel Bekaert : "Un principe est sacré : je veux être entouré de personnes qui excellent dans leur propre expertise. Je pense que cela a plutôt bien fonctionné."

 

Mesdames, comment va le patron ?

Sophie Vangheluwe (rires) : "Emmanuel a surtout dû apprendre à lâcher prise. Il voulait tout contrôler, mais aujourd'hui, il s'est rendu compte que cela ne marcherait pas de toute façon. Si une personne était malade et ne se présentait pas au travail, il pouvait rester éveillé pendant une nuit à cause de cela. Emmanuel Bekaert : "Cela peut paraître étrange, mais un chef d'entreprise doit s'efforcer de se rendre malheureux. J'avais l'habitude de penser que j'étais indispensable. Vous ne m'entendrez plus dire cela, en partie grâce aux deux dames autour de la table. La naissance de ma petite fille a également joué un rôle. Je veux les voir se lever le matin et les aider à se coucher le soir" Trui Goderis : "Emmanuel s'est révélé être un très bon communicateur. Sophie Vangheluwe : "Il est aussi très terre à terre et très humain" Trui Goderis : "Sans oublier qu'il est vraiment toujours disponible".

 

Toute entreprise a besoin d'un administrateur indépendant, car tout chef d'entreprise a aussi toujours des œillères. Pouvez-vous adhérer à cette affirmation ?

Emmanuel Bekaert : "Nous n'avons pas d'administrateurs indépendants au sens strict du terme. Mais nous avons des administrateurs, notamment nos actionnaires avec lesquels je m'entretiens longuement une fois par trimestre. Ils me tendent un miroir, ce qui constitue une valeur ajoutée."

 

Qu'avez-vous déjà appris d'eux ?

Emmanuel Bekaert : "Ils ont aussi déjà appris de moi, d'ailleurs (tousse). Plus sérieusement, si je suis devenu plus calme dans mon approche, c'est grâce à eux. Avant, je sautais sur tout ce qui bougeait et je m'inquiétais pour la moindre chose. Ils m'ont aussi appris un principe important pendant la corona : il faut continuer à danser sous la pluie, et ne pas attendre la fin de l'orage pour danser" Trui Goderis : "Faire du bruit, c'est ce que nous aimons faire. Et nous constatons que c'est aussi le cas de la majorité des entreprises. Cela fait du bien de se sentir ainsi. Sophie Vangheluwe : "Je n'oserais pas dire que tout est à nouveau en marche, mais il n'y a plus beaucoup de différence.

 

Source : VOKA Ondernemers, Cambien Karel - Photos Achtergael Stefaan

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